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Sfax | Crise des déchets : Elan civil et union sacrée

Adoption du principe de la grève générale et d’une journée de colère
Refus catégorique de la démarche d’une consultation régionale

A l’issue de la commission administrative qui a tenu ses travaux le 26 mai courant, l’Union régionale du travail à Sfax a annoncé l’adoption du principe de la grève générale régionale dont la date serait fixée lors d’un meeting syndical prévu pour le 2 juin prochain. L’événement sera doublé d’une journée de colère à laquelle appelle l’Ugtt régionale, et dont le secrétaire général, Youssef Aouadni, exhorte les citoyens à une participation massive.

A rappeler que la  grève générale régionale avait été décidée pour le 10 décembre 2021, puis reportée à une date ultérieure, suite à l’engagement du gouvernement de trouver une solution radicale à la crise des déchets provoquée par la fermeture de la décharge contrôlée El Gonna, à Agareb. Mais suite au désengagement de la ministre de l’Environnement à l’égard de ses promesses faites lors de la réunion du 6 décembre 2021, l’idée refait surface.

Un calvaire qui n’en finit pas

Aujourd’hui, six mois après, l’exaspération grandissante des citoyens à Sfax  arrive à ses limites par l’annonce de la ministre de l’Environnement au sujet du lancement d’une large consultation régionale autour des propositions préconisées par les différentes organisations nationales et la société civile en vue de résorber la crise des déchets.

Un élan d’union sacrée est suscité, depuis lors, cristallisant la colère générale et le refus catégorique et unanime de l’attitude de la ministre : « C’est une idée insensée que de vouloir organiser une consultation à l’issue de huit mois de calvaire vécu au quotidien par les habitants de tout le gouvernorat ! L’heure n’est plus aux tergiversations ni aux propositions, mais aux décisions concrètes, urgentes et efficientes!», fulmine-t-on partout, dans la région.

En effet, le tableau de la situation environnementale est sombre,  caractérisé par la multiplication des dépotoirs et autres décharges sauvages qui se disséminent partout, sur la voie publique, le littoral, les lits des oueds, les oliveraies, outre les opérations d’incinération anarchique des déchets. De quoi faire planer une catastrophe écologique et sanitaire. C’est ce qui explique l’unisson des discours et surtout  des prises de position, comme en témoigne la participation de la totalité des organisations nationales et des ONG de la région, à l’élaboration du dernier communiqué en date, publié le 27 mai courant.

Conscients du fait que la seule et unique issue à cette situation de blocage est entre les mains du Président de la République, les  cosignataires du communiqué lui adressent un appel urgent pour obtenir son intervention immédiate en vue de décréter un statut de zone de sécurité nationale à un ou deux  terrains sis sur le territoire du gouvernorat, lesquels serviront de décharges contrôlées où se fera le traitement mécano-biologique des déchets, et d’autre part d’ordonner urgemment l’acquisition d’un ou de deux incinérateurs écologiques.

L’urgence de renoncer aux solutions de replâtrage

Le communiqué appelle également la ministre de l’Environnement à retirer sa proposition concernant le lancement d’une consultation régionale qui constitue une perte de temps inutile et à renoncer aux solutions de replâtrage et à l’idée d’utiliser le dépotoir anarchique situé sur la route du port ou les incinérateurs de la Siape. D’ailleurs, si certaines voix annoncent leur intention de marquer leur présence à la consultation régionale, qui sera organisée en principe  sous la supervision de la ministre Leïla Chikhaoui, non pas pour participer aux débats mais pour lui exprimer leur opposition à une démarche vouée, à l’avance, à l’échec, le secrétaire général de l’Union générale du travail signale que l’organisation syndicale n’est pas concernée par ces prétendus débats. Pour rappel, la TAP avait rapporté le 24 mai courant la déclaration de la ministre de l’Environnement, Leïla Chikhaoui au sujet de l’organisation d’une large consultation régionale au cours de la semaine, à Sfax, avec la participation de toutes les parties prenantes, concernant les problèmes environnementaux dans la région. Selon la même source, Chikhaoui avait ajouté que les propositions élaborées sur la base de cette consultation seraient débattues et validées lundi 30 mai 2022, avant de poursuivre : «Les solutions ont été identifiées depuis longtemps, dont le tri primaire, le compostage …, mais nous avons voulu unifier les points de vue et faire en sorte que le gouvernorat de Sfax soit l’acteur principal dans l’élaboration de ce plan environnemental, avec l’appui des différents départements gouvernementaux et les composantes de la société civile. Les moyens financiers nécessaires et les technologies à mobiliser sont disponibles. Il suffit juste de travailler de concert et de coordonner les tâches, pour avancer et mettre en exécution le plan environnemental adéquat pour la région».

Une région abandonnée à son sort

Or, ce dernier point relatif à la disponibilité des moyens financiers et des technologies à mettre en œuvre ne manque pas de susciter les commentaires les plus suspicieux. En effet, si tel est le cas pourquoi laisser plus d’un million d’habitants, tant il est vrai que la crise des déchets touche toutes les délégations du gouvernorat, suffoquer sous les ordures de toutes sortes ? Pourquoi les exposer à un péril sanitaire évident qui va constamment crescendo ?

En réalité, la conviction qui s’est installée dans les esprits à Sfax, est que la région est abandonnée à son sort et qu’il y a un manque manifeste de volonté de la part des autorités.

Car, à court terme, il n’y a qu’une seule alternative valable, claire et efficiente : l’utilisation d’incinérateurs  écologiques, en attendant les solutions durables à moyen et long terme, à savoir le tri sélectif, le TMB, le compostage, le traitement mécano-biologique et la valorisation des déchets, etc.

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